Elie Kanaan orchestre les couleurs

Depuis hier soir, 38 aquarelles, gouaches et huiles labellées Elie Kanaan défilent sur les cimaises de la Galerie Tabbal. Des créations qui font des éclats. Sa peinture puissante à la limite de la figuration, très connue et fêtée au Liban, a acquis, depuis 1967 (prix Vendôme), la faveur du public. Avec bonheur, les éloges crépitent régulièrement pour saluer le carriérisme d’Elie Kanaan. « Pour pouvoir disposer d’un tel choix de virtuosité dans l’expression dramatique, il faut joindre la maitrise à la vie intérieure »…commente Gérard Mourgue. Et Henry Seyrig, ancien directeur des Musées de France de souligner : « La réussite d’Elie Kanaan dans les sonores orchestrations de ses couleurs, n’est pas seulement l’expression de ses dons de peintre, mais le résultat de longues recherches volontairement orientées vers la beauté ». Et Hubert Guillet conservateur du Musée des Beaux-Arts de Rouen de faire remarquer : «chaque toile est un aboutissement »… Face aux louanges, notre peintre affiche un air perplexe. «Est-ce que je les mérite vraiment » ? murmure-t-il. Et tel son pinceau qui part de la nébuleuse se dirige vers l’image concrète mais se donne la joie de rester en suspens, là où tout est suggéré possible, futur… son interrogation naît d’un chant intérieur. « Prairie », «Excursion », «Sentier », «Les passants », « Le rêve », « La cueillette »…Elie Kanaan s’imprègne d’une scène, d’un paysage et par un travail patient et passionné, transforme cette vision intérieure projetée sur la toile. L’artiste rêve écoute la vie, éprouve l’ivresse de la liberté ; cette autre réalité joueuse est toujours là comme une sentinelle qui empêche le peintre de tomber dans les pièges qu’il refuse. Pour multiplier les dialogues. Et les couleurs éclatent. « Elles ont un pouls » ! Elles sont des corps vivants et non des choses mortes. Aussi, le jaune « est une partie de la femme. Donc l’existence. C’est le sentiment douloureux, parfois, que font naitre chez l’homme les exigences d’un amour inquiet, le désir d’une possession exclusive… » Dit Kanaan. Le rouge, « c’est la quiétude, la paix, la sérénité, après la tempête ». Le noir et le blanc, « c’est comme le jour et la nuit ». Le bleu, « l’inspiration de tout un chacun. Le calmant. Le ciel est bleu, quoi !…c’est la couleur d’un peuple ». Le vert, une introduction au prélude d’une œuvre, d’une création, d’une production… ». Mais la palette de Kanaan est infinie… c’est une atmosphère, un état d’âme que de la faire danser, respirer, vibrer, exploser… les couleurs je les aime toutes. Et il les mène avec cette audace de la vie à la rencontre du bonheur.